jeudi 18 juin 2015

Les glaneurs de cartons ou les oublies de la croissance

Traduit de l'article publie par The Korea Observer " for south korea's poor, cardboard is big business"



Tous les jours, dans le Seoul branche et moderne du quartier de Myeong Dong, on fait fortune en vendant des produits de luxe et accessoires de mode pour les jeunes. Certains d'ailleurs font leur "petite fortune" en revendant les cartons dans lesquels toutes ces marchandises sont emballees. Pour ces pauvres, la plupart des personnes agees, les cartons sont leur seul et unique gagne-pain.

"Ca m'a pris 2 heures pour collecter ces boites" nous dira Lee Je Ho 57 ans. en désignant une pile de cartons rassembles par une mince cordelette en equilibre incertain sur son chariot de métal. "Ca me fera a peu près 5 euros".

Entre les shopping addict presses, les vendeurs qui essayent d'interpeler les chalands en clamant les dernières promotions du jour sur le pas de leur echoppe, et les revendeurs d'étui dernier cri pour telephones portables, Lee essaye tant bien que mal de se frayer un chemin a travers la foule. Dans l'un des quartiers ou les prix de l'immobilier atteint des sommets, Lee passe inaperçu, car apercevoir une personne âgée ramassant des cartons dans les rues de Seoul est chose courante.

Lee est l'un des 1,4 millions de ramasseurs de cartons estimes dans le pays. Par tout temps, a toute heure, il marche pendant des heures a la recherche de matériaux a récupérer, ça peut être du fer, de l'acier mais c'est très souvent des cartons, pour les revendre pour quelques centimes le kilo a des depots d'ordure prives.

"Ils arrivent a se faire une dizaine d'euros par jour" nous dit Kim Young-gwang, secrétaire général de l'association de recyclage, une organisation creee par le ministère de l'environnement sous l'égide des depots d'ordures prives de Seoul en Octobre 2011. "La plupart des ramasseurs sont ages et sans resources" continue-t-il. "Ils travaillent 12 heures par jour et commencent a 4h du matin pour être surs  d'arriver les premiers sur place, avant qu'un autre n'arrive". "A cause de leurs conditions physiques fragiles ils n'arrivent guère a gagner plus de 150 euros par mois" nous dit Kim Young-gwang.

"Parce que le développement économique de la Coree est allé très vite, trop vite...il a laisse beaucoup de gens derrière lui" ajoute Kim Young-gwang. "Les vieux qui ramassent des cartons sont nos laisses pour compte".

Les premiers glaneurs de cartons sont apparus durant l'occupation japonaise (1910 a 1945). Consideres comme des vagabonds, ils étaient bannis de la société et vivaient près des gares et sous des ponts ramassant et revendant des déchets qu'ils pouvaient trouver ça et la. Apres la guerre de Coree (1950 a 1953), leur nombre augmenta et ils devinrent de plus en plus nombreux.



"Je pense que les ramasseurs de cartons n'ont pas toujours fait cela. Ils ont tous vécu une expérience malencontreuse qui les a amené la, ça peut être une faillite professionnelle par exemple" nous dit Kim Young-gwang.

C'est effectivement comme cela que Lee a été amene a ramasser des cartons. Il y a 3 ans, son usine de vêtements pour enfants a été incendiée et a cause la mort de plusieurs de de ses employes. Lee a du indemniser les familles des victimes et ,en faillite, a du fermer ses portes.

"Apres cela, je n'avais plus rien mais étant déjà âge, aucune entreprise ne voulait m'embaucher. Alors j'ai commence a ramasser des cartons. Je fais cela car je ne veux pas mourir" confie Lee. Quand on lui demande combien il gagne, il dit qu'il arrive a gagner 50 euros par jour, parfois meme jusqu'a 100 euros "si tu connais un magasin qui accepte de te donner ses cartons".

"C'est vrai" nous dit Kim Geun-seop, 58 ans alors qu'il marche dans les rues de Myeong dông avec ses deux cartons sous le bras. "Si tu connais un magasin tu peux te faire 50 euros par jour mais je n'en connais pas donc j'attends et je ramasse les boites dont on ne veut plus."
Kim Geun-seop est devenu ramasseur de cartons il y a 5 ans depuis que sa main droite est devenue invalide. Quand il "travaille dur" il arrive a gagner 15 euros par jour.

Certains magasins acceptent de donner leurs cartons mais en echange demandent qu'on leur nettoie leur magasin. Impossible pour Kim Geun-seop qui n'est guère présentable, ni lave ni rase et pour cause: il  est sans abri. "Ils s'inquiètent qu'on leur vole des choses alors ils ne nous laissent pas entrer" ajoute-t-il, et finit par nous dire que cela fait plus d'un mois qu'il n'a pas pris de douche.

Et la situation de ces ramasseurs ne risque pas de s'améliorer puisque la ville de Seoul a decide en 2013 de mettre en place un plan pour optimiser le système de traitement des déchets et compte embaucher jusqu'a 13000 personnes. Ces personnes, pour 500 euros par mois, seront chargées de collecter et surveiller les matériaux réutilisables sur les différents sites de dépôt d'ordures de la ville. En d'autres termes, Seoul récupérera elle meme les matériaux recyclables pour les revendre directement a des entreprises privées, contournant ainsi les sites de dépôt prives et environs 4/5 de nos glaneurs.
Ce plan, appelé,  "Recycling stops" a pour objectif de créer de nouveaux emplois et de résorber l'économie souterraine, faisant écho aux promesses de campagne électorale de 2012 de l'actuelle présidente Park Geun-hye.

Fin 2013, la detresse des ramasseurs de cartons a reussi a susciter une certaine attention puisqu'ils ont obtenu que 2500 d'entre eux seraient embauches par la ville de Seoul et seraient equipes d'équipement de sécurité tels qu'une veste réfléchissante ou des lumières ainsi que des examens médicaux gratuits. Seuls ceux détenant une adresse et ayant plus de 65 ans ou faisant preuve d'un certain handicape pourront être éligibles cependant.

Certains s'insurgent contre ce plan, arguant qu'il tuera cette économie souterraine dont dépendent aujourd'hui les plus démunis et que le gouvernement ne compte pas aider ceux qui se trouveront sans plus aucune ressource suite a ce plan. "Cette politique va tuer l'industrie privée du recyclage" confie un membre de l'association de recyclage de Seoul.

Contacte par telephone et préférant garder l'anonymat, Hong, un glaneur, nous confie que sa situation a empire depuis la mise en place du plan. "je ne peux pas vivre comme cela. Nous ne pouvons plus vivre comme cela"



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